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16/03/2014

Bien balancer

La représentation traditionnelle de la justice associe deux éléments et parfois trois : la balance, l'épée et le bandeau qui voile les yeux. La balance est souvent traduite par le fait d'apprécier la gravité, ou non, des faits et comportements. L'épée vient nous rappeler que si le raisonnement juridique peut être subtil, la décision prise est souvent binaire. Enfin le bandeau voudrait symboliser que la justice est aveugle et ne juge qu'en droit, ce qui relève de la foutaise. Il est heureux et souhaitable que la justice prenne en compte tous les paramètres d'une situation en portant un regard perçant plutôt que de laisser entendre qu'elle décide sans rien y voir. 

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Lucas Cranach - Allégorie de la justice - 1537

S'agissant de la balance, elle vient nous rappeler un élément essentiel du droit : le principe du contradictoire. Car il ne s'agit pas seulement d'apprécier le poids des faits mais aussi de trancher entre deux versions d'une même situation. Il était question récemment, dans la presse, d'un salarié licencié pour avoir refusé de couper l'eau de foyers n'ayant pas réglé leurs factures. Certains journaux en ont fait état sur l'air du scandale et du comble de l'abomination capitaliste. Si l'on prend le temps d'écouter l'entreprise, sous couvert de préoccupations altruistes, le salarié ne cherchait en fait qu'à obtenir une augmentation de salaire. Qui dit vrai ? sur le principe, peu importe. Ce qui compte c'est de se souvenir que la justice ne peut s'exprimer que dans le cadre d'un débat contradictoire et que la première condition de validité d'un jugement est de ne jamais être pris sur la base d'une version unique de l'histoire. Alors Robin des Bois ou Opportuniste le salarié licencié ? le juge nous le dira mais en attendant que cette vérité là soit dite, il serait bon que chacun ne s'érige pas en juge sur l'instant d'affaires dont il ne connaît rien ou presque, et en tous cas pas avant d'avoir vérifié ce qu'il y a sur l'autre plateau de la balance. 

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