19/03/2012
Le masque du bon sens
En réponse à une question posée lors de la soutenance de son mémoire, la candidate ose un : "C'est du bon sens !" qui lui paraît relever de l'évidence. Pour qui est persuadé que d'évidence il n'y a pas, la phrase sonne comme une provocation, alors qu'elle se voulait plutôt consensuelle. Le bon sens cela n'existe pas et lorsqu'on le nomme, c'est que l'on renonce à rechercher ce qui se cache derrière l'évidence et que l'on valide sans plus y réfléchir la première construction venue. Le bon sens, c'est un masque qui nous interdit l'accès aux ressorts de nos actions.
Masque Eskimo - anc. coll. André Breton
Le bon sens a au moins deux défauts. Le premier est la brutalité qu'il renvoie à un contradicteur : "c'est du bon sens !" laisse penser que celui qui n'est pas d'accord est un abruti à peu près complet puisque, comme on le sait, le bon sens est chose la mieux partagée du monde. Le second est de ne pas aller au-delà de l'apparente évidence et d'occulter le type de logique, de rationalité, de raisonnement qui fonde la solution. Plus de questions sur les soubassements idéologiques, les présupposés, les représentations qui conduisent à prendre pour argent comptant ce qu'impose le bon sens. Et c'est pourquoi, je me suis toujours méfié de ceux qui usaient un peu trop facilement de la référence au bon sens dont il est possible de se demander ce qu'ils entendent ainsi masquer.
23:17 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : masque, bon sens, eskimo, logique, rationalité, philosophie
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