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22/10/2013

Big bang

Le texte remis par le MEDEF aux organisations syndicales est un véritable big bang pour le système de formation professionnelle. Car il est porteur de plusieurs ruptures. La première réside dans la manière de conduire une négociation. Prenant acte du processus de création d'une loi négociée, en vertu de l'article 1 de notre code du travail, l'organisation patronale propose un texte qui a moins vocation à devenir normatif qu'à fixer des balises intangibles pour la future loi à venir. Par le charme de la sacralisation du dialogue social, nous voici venu au temps où la politique est aux partenaires sociaux et la technique au législateur qui devra traduire en un texte opérationnel une volonté globalement exprimée. Curieuse inversion que cette articulation entre la démocratie politique et la démocratie sociale.

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La deuxième rupture est que pour la première fois, la suppression du financement légal du plan de formation est inscrite dans un texte. Lors des négociations précédentes, le sujet n'avait pas été mis sur la table faute de consensus suffisant pour l'aborder. Il n'y a toujours pas de consensus, mais cette fois-ci, il va falloir en parler. La troisième rupture est, encore, celle d'un retour au politique. En l'état, le projet d'accord conduit inéluctablement, par la réduction de leurs ressources, à la disparition d'au moins la moitié des OPCA et à leur recentrage sur la gestion de dispositifs d'intérêt général dont les priorités sont définies par d'autres qu'eux. Soit le pari que la formation doit être pilotée par l'entreprise, dont les responsabilités sont affirmées,  soit par les politiques de branches ou interprofessionnelles, les OPCA n'étant que des opérateurs financiers, contrairement au rôle qu'ils ont lentement développé. Rarement un texte sur la formation aura été porteur d'autant de ruptures politiques. Et maintenant, place à la négociation.

Proposition ANI - MEDEF.pdf

Commentaires

Ce texte conforte notre sentiment après l'ANI de janvier 2013 :
notre explication d'alors concernant la dissolution du DIF était la bonne : la création du compte Personnel formation revient donc à :
- faire reposer exclusivement sur le salarié la responsabilité du maintien de son employabilité via le CPF et le CIF ("La mobilisation du compte personnel de formation relève de l’initiative du salarié", "l’évolution et la promotion professionnelles relèvent de la responsabilité du salarié")
- faire tenir les compteurs CPF par un organisme public et plus par l'employeur ("Chaque personne a connaissance du nombre d’heures crédité sur son compte en accédant à un service dématérialisé d’information dédié")
- Laisser gérer et financer les formations CPF par un organisme public (les Fongecifs en l’occurrence) dès lors que l'employeur aura payé sa(faible) cotisation ("Hors temps de travail, le salarié utilise librement son compte. L’allocation de formation n’est pas due").

En gros le DIF n'existe plus et à la place l'employeur botte en touche en se lavant les mains de sa co-responsabilité sur le développement des compétences et du maintien de l'employabilité.

Les signataires de l'ANI du 11 janvier peuvent être fiers, soit ils ne comprenaient pas ce qu'ils ont signé soit pire encore ils ont tellement voulu complaire aux pouvoirs publics qu'ils ont signé les yeux fermés.

En attendant c'est un piètre service qu'ils ont rendu à la formation et aux travailleurs.

La Cour des Comptes avait calculé que le DIF pour tous aurait pu coûter 77 milliards d'euros au total. Les patrons peuvent être rassurés, le DIF disparait et le CPF est la future monnaie de singe en Formation.

Quand au ministre du travail qui déclare début octobre "Il reste à faire le plus important, la mise en œuvre.." . Depuis le 11 janvier ses services auraient peut être pu y réfléchir (le CPF devait être mis en oeuvre dans les 6 mois).

Écrit par : cozin | 23/10/2013

Ce qui est le plus gênant, c'est la perte d'une grande partie de la liberté de proposition du salarié...

Il est vrai qu'il y avait de l'abus mais quand même...

Ce n'est pas un progrès loin de là.

Écrit par : bcallens | 25/10/2013

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