29/09/2013
Ouvert la nuit
Lorsque l'on pose la question de la légitimité d'une loi, par nature générale, exclusivement en terme d'intérêt individuel, le débat s'en trouve naturellement faussé et impossible. Que travailler la nuit ou le dimanche soit une solution qui convienne à certains, personne n'en doute. Considérer pour autant que toute loi restreignant cette possibilité est liberticide reviendrait à faire de l'intérêt de chacun, la seule mesure de tout chose. Soit rien de moins que nier le fait que nous vivons en société. Sur le travail du dimanche lui-même, il me souvient avoir écrit une chronique aux premiers temps de ce blog, alors que le Gouvernement de l'époque s'apprêtait à faire voter de nouvelles dérogations au principe de l'interdiction, lesquelles dérogations ont d'ailleurs largement contribué à créer la situation actuelle (on se reportera ici). A ce qui fût écrit à l'époque, pas un mot à changer.
Ouvert le dimanche depuis 1927
Juste à rajouter que si le droit du travail contient des restrictions à l'exercice d'activités salariées (car ce n'est pas le travail qui est interdit mais le travail salarié), c'est pour deux raisons. La première, historiquement, est la protection de la santé du salarié. Personne ne trouve la ceinture de sécurité liberticide. La seconde a trait à la préservation de temps sociaux. Pour que des activités collectives familiales, sportives, culturelles soient possibles, il est nécessaire que des temps collectifs soient préservés du travail. Une troisième pourrait être le souhait de ne pas réduire l'individu à un homo economicus qui ne saurait faire rien d'autre que produire et consommer. On pourrait résumer tout ceci avec une phrase de Paul Morand, extraite de "Ouvert la nuit" : "L'apéritif, c'est la prière du soir des français". Sauf ceux qui travaillent la nuit.
Ecrit dimanche 29 septembre, à 22h44.
22:44 | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Il est surprenant de constater que ceux qui se revendiquent non pratiquants ou athées revendiquent aussi le droit de ne pas travailler le dimanche.
Pourquoi le dimanche ? pourquoi pas le vendredi ou le samedi ?
Si aux siècles passés un repos hebdomadaire d'une journée au moins par semaine était compréhensible aujourd'hui quand nos concitoyens passent 2 à 3 fois moins de temps à travailler on ne voit pas pourquoi tout devrait s'arrêter en France le vendredi à partir de 16 heures (quand ce n'est pas 12 h).
Le travail est un bien précieux, à force de le maltraiter on pourrait finir par l'éloigner définitivement de nos rivages hexagonaux.
Un dernier point : que ceux qui veulent se la couler douce ("ne pas perdre sa vie à la gagner") assument leur choix en ne gagnant plus rien sans doute à l'avenir et en dépendant de l'Etat pour leurs ressources.
Il existe encore bien heureusement quelques personnes qui n'ont pas peur de travailler en France, sont-elles des accapareuses ?
Récemment un chômeur (artiste plus ou moins intermittent) assurait qu'en ne travaillant pas il rendait service à ceux qui voulaient travailler !
Écrit par : cozin | 01/10/2013
Comme chantait Raymond DEVOS :
"Se coucher tard ... nuit !"
Écrit par : Shrek 66 | 01/10/2013
@cozin
Entre le travail et se la couler douce, il y a toutes les activités sociales que l'économique peine à chiffrer et qui font une société. Et pour que ces activités sociales puissent exister, il faut qu'un même jour au moins puisse être consacré à autre chose que le travail. Si l'on détruit ces activités sociales, ensuite on s'étonnera de la montée de l'isolement, des problèmes de santé, de délinquance, de délitement de la société. Le travail est une voie de socialisation, pas la seule. Que chacun assume les conséquences de ses choix individuels, c'est la moindre des choses. Mais il faut aussi raisonner en terme de choix collectifs.
@Schrek66 : Longtemps je me suis couché de bonne heure...et puis je suis parti à la recherche du temps perdu.
Écrit par : jpw | 01/10/2013
Mouais, en l'occurrence, il ne s'agit pas de mettre fin au principe du repos dominical mais d'élargir la liste des exceptions aux magasins de bricolage.
Pas la peine d'en appeler aux grands principes, regardons les choses avec un peu de bon sens.
Il y a déjà aujourd'hui énormément de professions qui bénéficient d'une dérogation au principe du repos dominical (hôpitaux, commerçants, policiers et militaires, ...) : il n'apparaît pas que ces professions soient en voie de délitement social et culturel !
Les jardineries, par exemple, sont ouvertes le dimanche, je ne comprends pas pourquoi les magasins de bricolage ne le seraient pas : on peut planter un arbre le dimanche, mais pas repeindre son salon ?
Écrit par : Brestois | 03/10/2013
Bonjour,
Si, si, j'insiste. C'est justement sur ce genre d'affaires qu'il est bon d'avoir quelques principes et de ne pas raisonner que par le cas particulier. Sinon on empile les dérogations et plus rien n'est compréhensible comme en témoignent les exemples que vous donnez.
Quant au bon sens, Descartes m'a vacciné.
Et concernant l'impact sur la vie personnelle, allez voir les études réalisées par des sociologues ou psychologues.
Pour finir, rien n'empêche personne de peindre ou planter le dimanche...sauf le travail pour ceux qui travaillent le dimanche.
Cordialement
jpw
Écrit par : jpw | 03/10/2013
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